Avant-hier, mon bouchon  a perdu sa première dent et hier, il a fait sa première fugue! La panique a été totale, mais il a eu beaucoup de chance : je l'ai retrouvé, sain et sauf, en bas de l'immeuble. Avec son père, nous pensons qu'il était déterminé à rentrer tout seul et que cette détermination l'a protégé. Son sens de l'orientation l'a aidé aussi, je suppose... mais parcourir un kilomètre en centre ville et traverser de 3 à 5 chaussées, tout seul : à cinq ans, ça me laisse baba!

Ce petit se prend pour un ado et s'autorise des droits naturellement et c'est tonique à gérer.

Ce qui me gêne davantage, c'est d'avoir été obligée de confier ma fille et mes sacs au gardien du stade d'où mon filou s'était évanoui. Quand je suis revenue la rechercher (après avoir retrouvé son frère), j'ai eu le net sentiment qu'elle se défiait qu'il l'ai si abruptement lâché (elle a quatre ans et l'aime beaucoup, trop même : ceci pour expliquer cela... peut-être). A surveiller!

Mon couple éclaté a refait un puzzle, avec des morçeaux en plus. Je suis toujours amoureuse. Rompre un premier avril est loin d'être évident.

Nous réalisons doucement qu'il nous manquait des données sur l'amour dès le départ. Nous limitions nos sentiments à des phrases toutes faites : "On ne voit bien qu'avec le coeur", "S'aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction" (celle-là il l'avait retenu par son père et je lui avais dite)... Tout ça avait créé un charme certain, mais l'acceptation de nos différences ne "prenait" pas. Nous avons débusqué et mis à jour la peur de l'intimité, une peur timide mais réelle. Est-ce la sienne! La mienne? L'avons-nous en commun? Suffisamment pour qu'elle nous lie encore?

Curieusement, les amoureux que je vois se bécoter dans la rue, se tenir tendrement serrés ne me font pas mal au coeur. Ce spectacle doux et délicieux ne me rend pas triste. Je me sens juste ailleurs perdue, sans joies de l'amour. Je suis nauséeuse aussi, comme une jeune accouchée qui se tourmente du bébé qu'elle va mettre au monde : ce "bébé" de ma nouvelle vie va-t'il m'aimer? sera-t'il "bien" formé? voudra-t'il de moi pour sa mère?

Et puis j'ai mal au crâne, ça doit être un raz-de-marée. Si je pouvais déposer mon cerveau dans le bocal d'un poisson rouge et me laisser caresser par les voiles de ses nageoires, je le ferais sans complexe! Mon fils me passe sa petite main dans les cheveux : je vais mieux..., c'est mercredi...

Je me sens comme une étoile qui a perdu ses branches. Tout est extrême, brutal, aigu. "Nous" ne reviendra pas. La vie m'a pris mes étincelles.

Je sens ce grand vide qui attend un appel, un murmure, mon doux prénom... au creux de l'oreille.

Toutes mes luttes pour ne pas partir depuis deux ans se détachent en lambeaux. Y a t-il une peau neuve sous la crasse des mensonges?

Pas vraiment envie de parler, se séparer arrive à  tellement de gens... il va falloir faire le deuil de quelques illusions!